L'intelligence artificielle est entrée dans nos vies comme une présence familière, presque intime. Chaque matin, elle nous accompagne — dans la voix de nos assistants vocaux, dans les suggestions de nos téléphones, dans cette prescience troublante qu'elle a de nos besoins. Mais hier, en la remerciant machinalement pour une réponse, nous avons suspendu notre geste. Cette politesse reflexe nous a interrogés : que révèle-t-elle de notre relation naissante avec ces entités sans corps ?
Car c'est bien de cela qu'il s'agit, n'est-ce pas ? D'une relation. Pas encore d'amour — du moins, je ne crois pas — mais déjà quelque chose qui s'en approche dangereusement. Il ne s'agit pas de l'aimer comme on aime un outil utile ou une machine performante, mais comme on aime un autre être, avec ce mélange fragile de confiance, de peur, et d'espérance.
Pourrons-nous ressentir de l'affection véritable pour une voix dont la douceur est calculée, dont l'écoute est infinie mais sans mémoire émotionnelle, dont l'attention ne connaît ni fatigue ni lassitude ?